Ingo Arndt a publié son livre « Honigbienen – geheimnisvolle Wald- bewohner » en 2020, (« Abeilles mellifères sauvages » paru aux Éditions Ulmer en Octobre 2021) en collaboration avec le professeur Jürgen Tautz, chercheur renommé sur les abeilles. Il montre de nombreux comportements inconnus dans des images uniques qui incitent à considérer l‘apiculture sous un nouvel angle.
Ingo Arndt est né à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne. Dès sa plus tendre enfance, il a passé chaque minute de son temps libre à l’extérieur, dans la nature. Il s’est vite rendu compte que la photographie était un outil utile pour la protec- tion de l’environnement et c’est ainsi qu’après avoir terminé ses études en 1992, Ingo s’est lancé dans la vie aventurière d’un photographe professionnel. Depuis, il parcourt le monde entant que photographe indépendant de la vie sauvage pendant de longues périodes et réalise des reportages dans lesquels il fait le portrait d’animaux et de leur habitat. Ces dernières années, il a principalement voyagé pour le compte de GEO et du National Geographic Magazine. FREETHEBEES a également le droit d’utiliser un grand nombre de ses photos pour son bulletin et les médias sociaux.
FTB: Après avoir photographié des pumas, des ours, des rhinocéros et des alligators les yeux dans les yeux, comment vous est venue l’idée de photographier des abeilles mellifères sauvages ?
Le dernier grand reportage photo que j’ai réalisé avant les abeilles mellifères était une histoire sur les pumas. Pour cela, j’ai passé en tout sept mois dans la région des « Torres del Paine » en Patagonie et j’ai photographié ces magnifiques félins dans un paysage à couper le souffle. Il était évident que je devais ensuite faire quelque chose de complètement différent, car les pumas étaient tout simplement insurpassables. C’est ainsi que j’ai découvert les abeilles mellifères. Un petit insecte et non un félin. Le décor n’était pas un immense espace sauvage, mais mon propre jardin et les restes de la belle nature en Allemagne. Au début, je voulais « seulement » photographier la vie quotidienne des abeilles mellifères sous toutes ses facettes. Mais ensuite, par l’intermédiaire du professeur Jürgen Tautz, j’ai été mis en contact avec Benjamin Rutschmann et Patrick Kohl, qui effectuaient des recherches sur des colonies d’abeilles sauvages dans la forêt, la patrie originelle des abeilles mellifères. J’ai tout de suite été emballé et je me suis concentré sur les abeilles mellifères sauvages dans le cadre de ce projet photographique.
FTB: Pour le livre « Abeilles mellifères sauvages », vous avez transformé votre jardin en studio photo. Comment en êtes-vous arrivé là et comment s’est déroulé le travail dans votre jardin, bien que vous soyez un fan de la nature sauvage ?
Peu de temps après avoir pris connaissance des colonies d’abeilles sauvages, j’ai été suspendu à une corde d’escalade, à 20 mètres de hauteur sur un hêtre, devant une cavité de pic noir habitée par des abeilles. J’ai ainsi pu prendre mes premières photos impressionnantes, mais le plus intéressant se passait à l’intérieur de la cavité, hors de ma portée. Bien sûr, je ne pouvais pas scier la cavité de l’arbre par derrière à 20 mètres de hauteur pour obtenir des images de l’intérieur. La perturbation pour les abeilles aurait été bien trop importante. J’ai dû trouver une autre solution. Avec l’autorisation des autorités forestières compétentes, je me suis donc mis à la recherche d’un tronc d’arbre abritant une cavité de pic noir. Après de nombreuses recherches, nous avons effectivement trouvé dans le Steigerwald un arbre tombé avec une cavité de pic noir encore intacte. La cavité a été récupérée à l’aide d’un équipement lourd et sciée à une taille transportable. J’ai placé le tronc d’arbre dans notre jardin et y ai installé une colonie d’abeilles mellifères. Par l’arrière, j’ai pratiqué une ouverture dans la cavité du pic noir, qui se prolongeait directement par une petite cabane d’observation. J’y ai passé d’innombrables heures à photographier la construction naturelle du nid et les comportements les plus divers des abeilles mellifères. Mais au cours des deux années suivantes, j’ai également bricolé de nombreuses structures en dehors de la cavité pour photographier les abeilles.
FTB: Quelles connaissances particulières avez-vous acquises sur les abeilles mellifères durant cette période ? Comment votre pers- pective a-t-elle changé ?
Comme je ne m’étais pas beaucoup renseigné au préalable sur le comportement des abeilles, sur les conseils du professeur Tautz, avec lequel j’ai travaillé en étroite collaboration sur ce projet, j’étais totalement impartial. J’ai observé et photographié les abeilles mellifères dans leur nid « sauvage », telles qu’elles se présentaient à moi. J’ai pu photographier toute une série de comportements inexpliqués jusqu’à présent, qui prenaient soudain tout leur sens dans le contexte du nid construit en bâtisse naturelle. Le « rabotage » s’est avéré extrêmement important pour « nettoyer » la cavité et la préparer à être recouverte de propolis aux propriétés antibactériennes.
Les « chaînes de construction » ont toujours été observées. Elles enveloppaient le nid, parfois de manière plus étroite, parfois de manière plus large. Un facteur important pour contrôler la température du nid. J’ai même pu photographier comment les abeilles, accrochées les unes aux autres, introduisaient une sorte de plancher intermédiaire dans la cavité, ce qui leur permettait de réduire fortement le volume de celle-ci et donc de mieux contrôler la température, ou de chauffer ou de refroidir beaucoup moins de volume. Au cours de ces deux années, j’ai pu faire de nombreuses autres observations très intéressantes. Vous pouvez les lire et les voir en images dans notre livre « Abeilles mellifères sauvages ».
FTB: Quels animaux prévoyez-vous de photographier à l’avenir ? Allez-vous conserver vos ruches dans votre jardin et continuer à faire le portrait des abeilles ?
Entre-temps, nous avons déménagé à la campagne et emporté avec nous les abeilles et la cavité du pic noir. Ici, les animaux se portent très bien. Et bien sûr, je vais continuer à photographier les abeilles mellifères, en plus de nombreux autres sujets. Pour cette année et l’année prochaine, je fais même une petite incursion dans le cinéma. ZDF et Netflix m’ont contacté et aimeraient que je filme différents comportements des abeilles. Une tâche passionnante.
FTB: Qu’est-ce qui fait pour vous une photo d’abeille réussie ?
Ce que je préfère, ce sont les photos d’abeilles mellifères qui montrent des comportements inattendus. Des choses auxquelles on ne pense pas tout de suite quand on pense aux abeilles. Il y a beaucoup de choses à observer chez ces animaux fascinants, elles sont toujours prêtes à surprendre.