Texte et photos par Patricia Maillard
Depuis de nombreuses années, FreeTheBees bénéficie du soutien et de l‘accompagnement précieux de Patricia Maillard. Grâce à sa connaissance des abeilles, elle enrichit l‘équipe sur le plan professionnel. De plus, nous devons à Patricia les excellentes et précises traductions du bulletin de l‘allemand vers le français. FreeTheBees et Patricia Maillard forment une unité indissociable. Aujourd’hui, nous vous présentons la deuxième partie de son article, dans lequel elle présente ses ruches en terrecuite. Vous trouverez la première partie de l’article ici.
Nous avons une offre exclusive pour nos fidèles lecteurs : Procurez-vous des ruches en terracotta à un prix spécial ! Au lieu de 550 CHF, vous ne payez que 300 CHF par pièce, plus les frais de transport. Si vous êtes intéressé, veuillez contacter André Wermelinger à andre.wermelinger@freethebees.ch.
Cette ruche s’inscrit dans le cadre d’une collaboration entre la nature et l’homme
La mission de l’abeille est d’assurer sa propre survie et comme effet collatéral elle participe aussi à notre survie en effectuant son travail de pollinisation. Nous devrions donc considérer cette collaboration avec le plus grand respect et lui faciliter la vie.
Un des buts de cette ruche est donc de contribuer à redonner à la colonie qui l’anime son autonomie et pour cela il semble indispensable de redonner d’abord à son logis une forme et une structure qui respecte le mode de vie et les mœurs des abeilles.
Nous oublions souvent que c’est le propre corps des abeilles qui fournit le matériau de construction de la bâtisse. Sa structure est le résultat de la contrainte physique de la résistance de la cire entre autres contraintes naturelles, où viennent se greffer les contraintes d’une structure biologique et sociale.
Les ruches de l’apiculture conventionnelle ont gravement perturbé la structure biologique et sociale des colonies en empêchant les abeilles d’utiliser toutes leurs capacités pour résoudre de manière optimale les problèmes que la vie naturelle leur posait. Ne pouvant plus résoudre leurs problèmes de forme satisfaisante, elles sont devenues les otages du confort apicole, ce qui n’a fait qu’amplifier leurs difficultés. Dans le but de leur redonner leur autonomie et de leur permettre d’utiliser de la manière la plus efficace leurs stratégies génétiques, mécaniques, physiques, chimiques et biologiques, il nous faut reprendre conscience des véritables nécessités de leur espèce.
Leur bien-être a été sacrifié au profit des facilités de l’apiculteur et tout a été structuré afin de pouvoir surexploiter au maximum les réserves que l’abeille destine à son bien-être, à sa survie et à celle de son espèce.
Nous savons tous que l’abeille est un animal sauvage et il serait erroné de penser qu’elle puisse être domestiquée dans le sens où nous l’entendons, « contrôle total, obéissance, fidélité et sédentarisme ».
Les problèmes actuels s’étendent bien au-delà les enjeux de la production de miel, et nous mettent face à leurs conséquences sur la pollinisation et la disparition d’une espèce sauvage, c’est à dire sur les conséquences de notre attitude délétère en ce qui concerne le vivant. Sans parler immédiatement de réensauvagement de l’abeille mellifère, puisqu’il existe encore de nombreux essaims à l’état sauvage, le but de cette ruche est, par la sélection naturelle de lâcher dans la nature des essaims ayant acquis un petit point de plus de résistance. Il nous faut donc, dans un habitat artificiel, permettre aux colonies de retrouver leur structure physique, biologique et sociale au plus proche des conditions naturelles.
Cette ruche en terre cuite reste cependant la création d’un humain essayant de penser comme une abeille (défi téméraire) et qui se demande :
COMMENT DEVRAIT ETRE LA RUCHE IDÉALE ?
Je me dois de souligner que mes affirmations ne sont jamais des assertions absolues. Ce que je perçois comme probablement exact n’est qu’une proposition ouverte à la discussion, et je suis toujours heureuse d’un débat contradictoire et de pouvoir ajuster mes points de vue.
Cette ruche devrait s’adapter au moins dans sa forme, son volume, sa structure, et son aménagement au genre de cavité que recherchent les abeilles dans la nature. Elle devrait essayer de répondre au besoin d’une gestion optimale de l´énergie et d’une hygiène de vie particulière exigée par les nécessités de l´espèce.
Pour cela elle devrait :
- Être proportionnée à la taille d’un essaim
- Une grande ruche est plus difficile à gérer qu’une petite et demande une plus grande consommation d’énergie durant l’hivernage…. La ruche devrait épouser la forme de l’essaim, forme qui par ailleurs évite les angles morts inutiles et dévastateurs l’hiver. Problème crucial des ruches à cadres.
- S’adapter par sa forme le plus parfaitement possible à l’écoulement des fluides, et répondre aux lois de la thermodynamique et à l’équilibre des forces.
- Avoir une déperdition d’énergie minimale
- Être dotée d’une régulation thermique et d’une régulation hygrométrique naturelle facilitant le travail des abeilles et limitant les dépenses inutiles d’énergie
- Garantir un bon état sanitaire été comme hiver
- Assurer une protection efficace face à certains prédateurs
- Posséder un trou de vol adapté au volume de sa cavité et permettre un flux d’entrées et sorties sans heurts. Ce trou de vol devrait être facilement modulable par les abeilles elles-mêmes et ne pas être situé dans le bas de la ruche pour permettre aux abeilles d’arriver directement sur les rayons. Être assez grand pour permettre aux abeilles de découper et sortir les cires abimées pour les reconstruire.
- Garantir le développement et l’existence de la colonie sans l’intervention de l’homme.
La forme ovoïde m’a semblé satisfaire à la quasi-totalité des conditions et offrir à l’essaim un optimum ergonomique. La forme ovoïde de la ruche n’est pas une invention. Elle découle simplement de l’observation de la nature. La bâtisse d’une colonie répond à des contraintes d’économie d’énergie, de solidité, de place, de thermodynamique, de fonctionnement et de structure biologique et de fonctionnement et structure sociale.
Cette bâtisse doit donc assurer la vie sociale de la colonie, l’hygiène, le nourrissement tout au long de l’année, la protection de la procréation et perpétuation de l’espèce dans conditions adapté à ses nécessités. Il lui suffit de trouver une coque protectrice adaptée… ensuite dans la nature les abeilles s’occupent de tout, la terre cuite leur offre une protection optimale.
POURQUOI CHOISIR LA TERRE CUITE ?
Il nous faut accepter le fait que, quelle que soit la matière avec laquelle sont fabriquées les ruches, celles-ci ont toujours été placées sous abri quelles que soient les civilisations et les latitudes. Absolument protégées du vent, facteur extrêmement énergivore, et protégées des aléas intempestifs du climat.
Même si la forme de la Ruche Terrecuite offre peu de prise au vent et si elle a un poids conséquent car elle est aussi très épaisse, elle n’échappe pas à cette contrainte. De même qu’elle ne devrait jamais être placée trop près du sol à cause des remontées de l’humidité du matin et d’une trop grande accessibilité. Un bon compromis pour les abeilles et le dos de l’apiculteur étant de la poser à 50 cm du sol sur une surface qui ne retient pas l’eau sous un toit et entre trois parois.
La terre cuite a de grandes qualités :
- C’est un matériau naturel, bon marché, 100% recyclable. C’est le matériau écologique par excellence.
- La terre cuite est résistante, depuis des millénaires elle a fait ses preuves et s’associe au développement durable.
- La densité, l’épaisseur et la porosité de la terre cuite sont là pour garantir aux abeilles leur confort d’été, et son inertie thermique leur garantit leur confort d’hiver.
- La terre cuite est également un bon régulateur hygrométrique. Sa porosité évite le ruissellement et la stagnation de l’eau à l’intérieur de la ruche. Des expériences ont démontré que les problèmes d’humidité sont résolus à 100% dans la ruche en terre cuite.
- La terre cuite ne se décompose pas puisqu’elle est purement minérale. Ni les moisissures, ni les larves de parasites ne peuvent s’y développer ou s’y alimenter. Les Pics abandonneront la partie ! Mais pas les mésanges si elle reste vide !
- La terre cuite garantit une bonne hygiène à l’intérieur de la Ruche et une bonne qualité de l’air. Les échanges gazeux à travers les pores permettent l’entrée suffisante d’oxygène. La forme permet une meilleure évacuation du CO².
- La terre cuite est souvent utilisée en biodynamie.
- La terre est chamottée et résiste aux effets du gel.
- Elle peut être traitée avec des EM avant la cuisson et tout au long de son utilisation.
- Les ruches sont calibrées, travaillées et montées à la main, leurs légères disparités superficielles en témoignent.
- Le séchage dure entre 6 et 10 semaines selon la saison.
- La cuisson est lente et se termine entre 980 et 1000 °C. Le processus complet de cuisson dure environ 72 heures.
- La terre cuite d’une épaisseur d’environ 3,5 / 4 cm est un matériau poreux qui ne doit en aucun cas être imperméabilisé à l’extérieur, ni à l’intérieur qui est sous le contrôle des abeilles.
- D’autre part la porosité évite le ruissellement et la forme ovoïde la stagnation de l’humidité dans le bas de la ruche. Ce sont les abeilles elles-mêmes avec la propolis qui se chargent de boucher les pores qu’elles estiment nécessaires. Les ruches en terre cuite sont en général très peu propolisées.
LE BOIS DE CHÂTAIGNIER : Disques porte-couvain et porte-rayons
Nous avons choisi le châtaigner pour fabriquer ces disques percés de fentes. Ce n’est pas un hasard, c’est un bois de nos régions tempérées.
- Le châtaignier résiste aussi bien au cisaillement, à la compression et à la flexion que le chêne. Des tests mécaniques démontrent une plus grande élasticité pour le châtaignier, une moindre résistance au fendage. Le châtaigner est aussi dur que le chêne et présente une plus grande régularité.
- Sa duramisation est rapide et il a peu d’aubier. En effet en plus d’être un bois très dur, le tanin que contient le bois de châtaigner a de nombreuses propriétés bénéfiques, entre autres, celle de rendre le bois imputrescible.
- Cette forte présence de tanins offre donc au bois de châtaignier une bonne durabilité en extérieure. Le tanin de châtaigner éloigne également les arachnides, il est donc un adjuvant doux dans la lutte contre le varroa
SA FORME
La forme naturelle la plus courante des rayons d’Apis mellifera a pour base la chainette. La bâtisse complète présente un caractère ovoïde qui résout de nombreuses contraintes. La ruche « ovoïde au nombre d’or » n’est donc, malgré son apparence inhabituelle, pas une nouveauté. Par sa forme ovoïde elle atteint l’optimum ergonomique de la colonie, d’une part sans utiliser de cadres mobiles ni de barrettes, d’autre part elle permet d’offrir à l’essaim une extension de volume dont il pourrait avoir besoin lors de son développement au printemps. Extension qui éventuellement permet de récupérer un petit excèdent de miel en fin de miellée sans perturber les abeilles. La ruche favorise la vie d’essaims de taille naturelle, normale pour des Abeilles mellifères (Apis mellifera, mellifera) de préférences. Il est démontré que les essaims, même petits pourront y survivre plus facilement en hiver.
La forme ovoïde peut être assimilée à l’assemblage de deux voûtes, créant l’une des plus fortes structures existantes. Ceci répond aux exigences de protection du couvain face aux possibles agressions extérieures.
La forme du corps de ruche permet aux abeilles de bâtir leurs rayons en forme de chainette. L’idée de l’arc caténaire (de catena : la chaîne) est simple. Elle part de l’observation de la forme que prend une chaîne ou une corde lorsqu’on la laisse pendre en la tenant à ses deux extrémités : c’est l’arc caténaire. La somme des forces horizontales en chaque point de la chainette est nulle en raison de la tension constante dans la chaîne. Ceci permet d’accumuler le plus grand poids possible de réserves dans une structure bâtie avec un matériau aussi léger que la cire. Si l’on mettait les meilleurs physiciens et mathématiciens au travail pour résoudre ce problème ils ne feraient pas mieux. Les scientifiques ont pu calculer des formes qui permettraient d’utiliser apparemment moins de surface de cire… mais ils ne semblent jamais avoir fait le lien de cette épargne de cire avec la contrainte de résistance imposée par le poids du matériel stockés. Les abeilles ont résolu ce problème d’une patte de maître. Pourquoi donc détruire ce fabuleux travail en les obligeant à construire leur bâtisse sur des cadres en d’autres formes et proportions ?
Extérieur
La forme idéale en aérodynamique est appelée forme « ovoïde ». Cette forme présente une meilleure réaction aux intempéries et aux vents forts puisqu’elle offre une moindre résistance et permet le dégoulinement.
Cependant, si l’on regarde l’histoire de l’évolution des ruches, nous remarquons qu’elles ont été la plupart du temps protégées du vent et des aléas du climat et le sont encore dans certaines régions. Puis est arrivée l’ère de l’augmentation constante de production et de profit. J’oserais dire la rencontre du binôme Adam/Dadant qui sans soucis des conséquences s’est concentré sur les méthodes d’« exploitation » et d’augmentation démesurée de la production de forme artificielle, sans aucune conscience que l’abeille fait déjà dans la nature le maximum pour survivre et produire le maximum de miel. Chacun y est allé de son idée en ce qui concerne la taille les proportions la structure, la méthode pour mener les colonies à l’épuisement. En 2005 on osait encore avouer que plus de 50.000 ruches la plupart Dadant, 3, 4, 5 hausses à miel, à raison souvent de 4 sur palettes livrées à toutes les intempéries étaient apportées sur le plateau de Valensole qui fait environ 9000 ha pour récolter des tonnes de miel de lavande.
Le fait de devoir construire un abri pour accueillir cette ruche ne répond donc pas à la matière dont elle est faite ni à sa forme, mais à des considérations générales de respect pour ce que cherchent les abeilles : protection du vent, du plein soleil et des pluies battantes. Le vent étant, nous l’avons déjà mentionné, le facteur le plus énergivore. Non seulement il augmente l’amplitude et la quantité des variations de température mais il rend aussi difficile le retour dans la ruche. Il est donc un véritable antagoniste de l’activité et du système des abeilles.
Intérieur
La possibilité de respecter l’échelonnement de la taille des rayons comme dans la nature, permet une circulation de l’air qui élimine le surplus de de chaleur et d’humidité plus facilement.
Ajoutons qu’en hiver la grappe qui se regroupe dans la zone du centre vital bénéficie d’une protection physique et thermique optimale.
Cette constellation facilite également aux abeilles le passage d’un rayon à l’autre.
Le couvercle en forme de dôme assure une distribution uniforme de la chaleur. Il favorise également une meilleure circulation de l’air et réduit les pertes thermiques. Il contribue donc à une économie significative d’énergie.
Le fond en forme arrondie, percé d’un trou d’aération et de propreté fait effet d´entonnoir et permet l’échappement plus facile des fluides, CO² et H²O. L’évacuation de ces deux éléments dans les dendro-cavités bénéficie de la présence d’organismes comme des mousses, des lichens et des algues qui peuvent jouer un rôle dans l’absorption du CO2. Ces organismes peuvent coloniser les surfaces internes des cavités d’arbres et bénéficier de la lumière pénétrant par l’ouverture de la cavité pour leur processus de photosynthèse. Dans la ruche en terre cuite la luminosité est faible, il n’y a pas d’humus comme dans les cavités d’arbres, le CO2 est donc évacué par le trou de propreté en plus des échanges gazeux favorisée par la porosité de la terre cuite.
La régulation hygrométrique, favorisée par la terre cuite a été constaté à de nombreuses reprises, en effet la terre cuite résout totalement le problème de l’humidité puisqu’elle en absorbe le surplus et l’évacue à l’extérieur grâce à sa porosité.
- Son volume varie entre 35 et 45 litres, c’est celui qui, statistiquement, semble attirer le plus les abeilles (voir Travaux de Tom Seeley).
- Son trou de vol est calculé en fonction du volume de la cavité. (Voir Phil Chandler S= V2/90) Il est facilement modulable par les abeilles selon les aléas climatiques avec de la cire rendue plus résistante par des inclusions de propolis.
- L’efficacité de la surface de ce trou de vol a été largement démontrée. Dans une première version la surface du trou de vol de la ruche, trop petit, obligeait les abeilles à des files d’attente inopportunes. Les pattes pleines de pollen, leur attente sur la ruche elle-même, sur son pied, sur son socle témoignait d’une erreur. Dans la nature le flux des entrées et des sorties s’effectue sans heurts et sans abeilles en attente hors de la cavité attirant inévitablement des prédateurs. La formule de Phil Chandler m’a permis d’obtenir ce flux sans heurt et sans attente.
SA STRUCTURE : Les deux plaques en châtaignier
La plaque porte-couvain couvrant le corps de ruche (pour des rayons plus étroits) et la plaque porte-rayons placée sur la hausse (pour les rayons plus larges des réserves) structurent l’espace intérieur. Elles permettent aux abeilles d’accrocher solidement leurs rayons et de construire leur bâtisse au plus proche de sa forme naturelle.
Les abeilles ne semblent pas avoir un grand intérêt à fixer leurs rayons sur les parois. Les accroches ne sont qu’occasionnelles.
La plaque porte-couvain permet d’empêcher la reine de mettre son couvain dans le couvercle. Les trous ronds sont seulement utilisés pour les doigts de l’apiculteur en de très rares occasions, et pour éviter le passage de la reine. Ils seront bouchés avec des rondelles de liège après le contrôle de l’installation de l’essaim une dizaine de jour après l’emménagement. Lors de ses expériences sur la tendance des abeilles à construire dans la direction du réseau tellurique Hartmann, A. Champendale avait omis de boucher les trous pour les doigts et la grappe réfugiée dans le couvercle n’a malheureusement pas survécu à l’hiver. Mais une chose a bien été démontrée, c’est qu’effectivement, dans une forme de coupole si le vent n’oblige pas les abeilles à modifier l’orientation des rayons, celles-ci semblent adopter de préférence la direction du réseau Hartmann. (Géobiologie et Apiculture 2018- S. Cardinaux – Génie du lieu & A. Champendal – GEOBIO-Habitat)
Sous la plaque porte rayon elles semblent s’orienter dans la direction des fentes comme l’aura disposé l’apiculteur.
Sous la plaque porte-couvain elles feront de même. Sous abri le climat autour de la ruche est stable et le vent n’est plus perturbant. Après l’installation complète dans le corps de ruche et le couvercle il est possible de voir s’il y a une différence d’orientation entre les rayons du couvercle et ceux des plaques. Les rayons du couvercle donnent l’orientation que préfèrent les abeilles. Mais attention : dans le corps de ruche la situation n’est pas la même étant donné qu’il y a le trou de vol, donc une entrée d’air qui peut obliger les abeilles à prendre d’autres dispositions.
- La bâtisse naturelle, sans cadres qui contraignent inutilement les abeilles, leur permet de construire l’espace du couvain sans discontinuité vers le bas et de retrouver le bénéfice de leur immunité sociale.
- Une meilleure répartition plus adaptée de la grappe et des réserves d’hiver.
- Une gestion plus facile de l’aération et du degré d’humidité un plus grand confort été comme hiver, en sont les conséquences.
- Tous les trous de ventilation au pommeau du couvercle et au pied, les trous de vol sont faciles à boucher par les abeilles pour une régulation adaptée à leurs nécessités
- Le couvain n’est plus fractionné et il est beaucoup moins dérangé lors des rares ouvertures de la ruche
- Le corps de ruche et le couvercle remplis, le cas échéant aussi une hausse, permettent aux abeilles d’avoir l’aliment suffisant pour passer très confortablement l’hiver bien qu’il semble préférable de retirer la hausse à la fin de la saison si le couvercle est plein. Cette couche épaisse de miel et de pollen autour de la grappe offre un surplus d’isolation limitant encore mieux les pertes de chaleur.
- Les petits trous d’aération du pied permettent également le passage des fourmis (sous le trou de propreté). Même s’il n’est pas approprié de parler de symbiose, dans certains cas, les fourmis peuvent jouer un rôle bénéfique en nettoyant les déchets de la ruche. Pour elles un resto premier choix. Certaines espèces de fourmis sont connues pour nettoyer les débris, ce qui peut inclure les varroas ou autres petits acariens ou insectes morts.
La fourmi des bois (Formica polyctena) ou la fourmi charpentière (genre Camponotus) peuvent participer subtilement à irriter le varroa par leur acide formique.
Les fourmis et les abeilles peuvent aussi former une alliance pour défendre leurs colonies contre les prédateurs communs. Par exemple, lorsqu’une colonie d’abeilles est attaquée, les fourmis peuvent aider à repousser les assaillants.
Les fourmis de nos régions ne constituent généralement un problème pour les abeilles que lorsque la colonie est très faible. La ruche n’ayant pas de coin où se glisser, les fourmis sont immédiatement rappelées à l’ordre lorsqu’elles dépassent les limites.
CONDUITE DE LA RUCHE
Pour la gestion de cette ruche, la réduction des manipulations et ouvertures à un strict minimum (deux fois par an, trois au maximum) permet de limiter considérablement le temps consacré aux efforts physiques au profit d’une observation minutieuse au trou de vol. Cette technique fournira les informations essentielles sur l’état de santé des abeilles. Cependant, cette observation doit être excellente, car elle se limitera uniquement au trou de vol, sans possibilité de regarder par une fenêtre arrière ou sous les cadres, du moins dans un premier temps, afin d’évaluer précisément la situation en s’appuyant sur le petit livre de H. Storch, avec quelques adaptations nécessaires.
Le corps de ruche compact, n’est jamais à découvert, ce qui permet la conservation du lien de chaleur parfumée de la ruche garantissant une bonne hygiène autour du couvain.
Le miel de la hausse est facile à obtenir. La hausse est insérée ou retirée au bon moment sans déranger le couvain. Les rayons sont coupés au ras de la plaque porte-rayons et le miel peut être extrait par pressage sans matériel coûteux (presse purée ou pressoir en bois, selon le volume à presser). Il répond selon le mode de filtrage à la pureté demandée sans être trop dénaturé par la centrifugation. Il est aussi facilement utilisable en brèche.
A ce sujet la ruche n’a qu’une hausse et c’est volontaire :
La pose de hausses supplémentaires stimule la production de miel. Les abeilles sont incitées à stocker du nectar dans les hausses pour produire du miel. Cela peut changer leurs priorités en termes d’activités.
Un excès d’espace peut entraîner une dilution des phéromones et perturber la cohésion de la colonie, ce qui pourrait potentiellement affecter les comportements d’épouillage.
La surpopulation due à la multiplication rapide des abeilles peut influencer le comportement. Une ruche surpeuplée peut entraîner des conditions de vie stressantes, et les abeilles pourraient être moins enclines à se consacrer pleinement aux activités de soin.
Pour ces raisons il n’y a normalement qu’une hausse. Mais ce qui peut convenir à Apis mellifica mellifica pourrait être étroit pour Apis mellifera carnica ou Apis mellifera ligustica et demanderait peut-être une deuxième hausse. Quant à la Buckfast la ruche ne lui convient absolument pas.
La Ruche Terrecuite n’est donc pas une ruche de production à proprement parler. Il est toutefois possible, si la hausse est remplie très tôt et que la miellée est encore prometteuse, de retirer la hausse, de ne prendre que la moitié des rayons de miel et de la remettre en place. Cela laisse suffisamment de place pour un surplus de réserves mais laisse aussi aux abeilles quelques réserves pour la prospection ou un trou de miellée. Une hausse pleine peut contenir 8 à 10 kg de miel.
Le miel du couvercle couvrant le corps de ruche n’étant pas affecté par l’humidité maintient toute ses qualités tant pour les abeilles que pour notre consommation et peut être également retiré à la fin de l’hiver, mais surtout pas la première année. Les rayons seront ainsi renouvelés par les abeilles Il faut pour cela que toutes les conditions soient favorables pour que ce soit bénéfique pour la colonie.
Pourquoi avoir éliminé volontairement la planche d’envol ?
On peut constater l’absence de planche d’envol. C’est volontaire. L’observation de la nature nous démontre que les colonies sauvages n’ont nullement besoin d’un lieu de réunion à l’extérieur de la ruche. Le bon sens nous laisse comprendre que ces paquets d’abeilles en attente sont un appel aux prédateurs, que le pollen même sur les pattes des abeilles traîne là où il ne devrait pas. Le pollen appartient à la fleur, à la patte de l’abeille ou au rayon… toute halte forcée intermédiaire, sur une planche souillée, n’est bonne ni pour le pollen, ni pour l’abeille. Le trou de vol doit donc avoir les caractéristiques qui permettent aux abeilles d’entrer et de sortir dans entrave, même au plus haut point de la miellée et de l’activité.
A quoi sert la planche d’envol dans l’apiculture conventionnelle ?
La planche d’envol est l’endroit par lequel les abeilles entrent et sortent de la ruche. Elle sert de porte d’entrée principale pour les abeilles qui vont à la recherche de nourriture, d’eau, ou qui retournent à la ruche après avoir butiné.
Allons donc regarder quelques vidéos sur les entrées et sorties des abeilles des ruches conventionnelles. Nous comprendrons le stress qui leur est imposé, le temps qu’elles perdent à attendre, puis à se contorsionner afin de ne pas perdre leur précieux pollen, surtout quand il y a en plus des réducteurs, que d’énergie perdue ! Sans compter que trainer dans le bas de la ruche ne doit pas être très hygiénique non plus.
La planche d’envol permet également de réguler la ventilation à l’intérieur de la ruche. En été, les abeilles peuvent ventiler la ruche en volant près de l’entrée pour réguler la température.
S’il faut une planche d’envol pour réguler la ventilation c’est qu’il y a une erreur dans la conception de l’habitat.
Dans la nature les abeilles ont différentes méthodes pour réguler la température au sein de la cavité.
Ventilation par les ouvertures naturelles : Les abeilles choisissent souvent des emplacements avec des ouvertures naturelles qui facilitent la circulation de l’air. Par exemple, si elles ont établi leur ruche dans un creux d’arbre, l’ouverture naturelle du tronc permet une certaine ventilation.
Ventilation par évaporation de l’eau : Les abeilles régulent la température à l’intérieur de la ruche en utilisant l’évaporation de l’eau. Elles collectent de l’eau et l’étalent sur les parois de la ruche. Lorsque l’eau s’évapore, elle absorbe de la chaleur, abaissant ainsi la température à l’intérieur de la ruche.
Ventilation par le mouvement des ailes : Les abeilles effectuent des vols d’orientation à l’extérieur de la ruche. Pendant ces vols, elles agitent leurs ailes pour créer un courant d’air à l’intérieur de la ruche, facilitant la ventilation.
Régulation de l’entrée/sortie : Les abeilles peuvent ajuster la taille de l’entrée de la ruche en fonction des besoins. Par exemple, elles peuvent réduire l’entrée par temps froid pour minimiser les pertes de chaleur et l’augmenter par temps chaud pour favoriser la ventilation.
La conception des ruches conventionnelles ne leur permet pas de mettre en place ces stratégies naturelles. Les abeilles sont donc condamnées à dépenser une énergie précieuse, bien inutilement pour compenser les erreurs de conception.
Les abeilles nettoient souvent la ruche en poussant à l’extérieur les débris, les insectes morts, ou d’autres matières indésirables. Ces éléments sont déposés sur la planche d’envol.
Oui, et c’est précisément là qu’elles atterrissent avec leur charge de pollen, de nectar ou d’eau. C’est un peu comme si pour rentrer chez nous avec notre panier à provisions, nous devions d’abord traverser le local à poubelle et les toilettes.
Mais, nous les admirons car elles savent la nettoyer… que de temps et d’énergie perdue !
Les abeilles utilisent la planche d’envol comme point de repère pour identifier leur ruche parmi d’autres ruches ou structures environnantes.
Doit-on vraiment faire abstraction du marquage olfactif, de la mémoire spatiale des abeilles, de leur sensibilité aux vibrations et aux sons spécifiques de leur ruche, de leur mémoire visuelle pour reconnaitre la forme et la couleur de leur logis. C’est un peu comme si notre paillasson était le point de repère pour identifier notre maison.
La planche d’envol offre à l’apiculteur un endroit pratique pour observer l’activité des abeilles. Il peut ainsi surveiller l’entrée et la sortie des abeilles, détecter d’éventuels problèmes de santé de la colonie, et évaluer le comportement de la ruche.
L’observation minutieuse du flux d’abeilles, des caractéristiques de leur vol à l’entrée du trou de vol, l’observation du sol autour de la ruche, le détectage olfactif, l’oreille collée sur la ruche… donnent également de bons résultats mais semblent être considérés comme une ennuyeuse perte de temps.
Certains parasites, comme le varroa, peuvent être repérés sur la planche d’envol. Un lange sous la ruche et une bonne loupe ne seraient-ils pas plus précis ?
Sans compter que si la planche d’envol est inutile aux abeilles pour repérer leur ruche et ne leur crée que des problèmes, elle permet quand même aux prédateurs de repérer plus facilement une source d’alimentation potentielle et se présente comme un tremplin efficace pour attaquer la ruche pour capturer des abeilles, du pollen ou d’autres ressources.
Voici pourquoi la Ruche Terrecuite n’a pas de planche d’envol.
COMMENT COMMENCER ?
Les abeilles s’occupent de tout, sous l’œil bienveillant de l’apiculteur, qui, les mains dans le dos, n’intervient qu’en cas de problème avéré.
Cependant le processus de mise en route est assez précis.
Pour animer la ruche l’enruchage de l’essaim se fera de forme traditionnelle par le trou de vol, avec une planche ou un drap blanc.
La ruche à ce moment sera composée du corps de ruche, du couvercle et de la plaque porte couvain. Quelques coulures de cire auront été placées dans le couvercle et sous la plaque porte-couvain, les amorces de cire gauffrée sont à fuir car les abeilles les enlèveront pour bâtir avec leur propre cire mais les quelques coulures de cire propre, ainsi qu’une petite pulvérisation de propolis donneront peut-être une odeur de déjà vu ou déjà habité. Mais je ne suis pas certaine que ce ne soit pas une idée « maternisante ».
Coincée entre le corps de ruche et le couvercle, sur la plaque porte couvain, il est important de placer une gaze en coton ou un morceau de toile de jute afin que les abeilles ne commencent pas à bâtir dans le couvercle. La bâtisse doit commencer dans le corps de ruche.
Une dizaine de jour après l’enruchage, si la bâtisse occupe toute la surface de la plaque, il convient de retirer le tissu de séparation, accomplir notre seul acte de voyeurisme afin d’évaluer le travail et la population et de replacer la plaque dans le corps de ruche pour boucher les trous des doigts avec des rondelles de liège avant de remettre le couvercle.
L’insertion de la hausse ne se fera que lorsque le corps de ruche et le couvercle seront pleins et si possible après le premier essaimage de l’année afin de ne pas perturber le cycle vital de la colonie.
Les traitements contre le varroa ne sont pas avérés nécessaires. L’essaim entrant bénéficie de la pause de ponte de la reine, le bois de châtaignier n’est pas trop apprécié par le Varroa, mais ce qui est plus important c’est que la température que peuvent maintenir les abeilles dans la ruche est toujours un peu au-dessus de celle qui favorise le développement du varroa. Après, les abeilles savent très bien ce qu’elles ont à faire.
Je suis bien consciente que même si l’on laisse libre cours à notre imagination et à notre empathie pour les abeilles, toute ruche si bien pensée qu’elle soit pour leurs colonies est vouée à l’échec si l’environnement ne suit pas, si nous ne rétablissons pas la biodiversité, si nous continuons à déverser nos poisons et nos déchets dans l’environnement, si nous ne limitons pas nos manipulations génétiques tant que nous ne sommes pas en mesure d’en évaluer les conséquences ultimes, si nous ne modifions pas notre attitude envers le vivant, tant que nous considérerons que nos capacités cognitives avancées nous autorisent à le dominer et l’exploiter à mort.
Mais lorsque le calibre tourne et que la terre monte dans le godet, je lisse consciencieusement l’intérieur de la ruche en pensant que je dois m’appliquer pour que ces petites abeilles acceptent ma contribution.